Une élite paysanne endogame dans le Berry et le Bourbonnais au XVIIe siècle

Familles Jacquard, Hugon, Goutelle, Desbordes, Péraudat

 

Les ancêtres d'Etienne Cerisier

 

La Baronnie de Montfaucon se trouve dans le Berry, au Nord de Nérondes. Elle est d’abord le fief du prince de Condé, dit le Grand Condé, et devient le Marquisat de Villequiers en 1666, après le rachat du domaine par Louis Marie d’Aumont, marquis de Villequier (sans ʺsʺ) et pair de France, beau-frère du ministre Louvois [1] C’est là que vit la famille Jacquard.

Cette famille est particulièrement représentative d’une classe rurale dominante et endogame, comme nous allons le voir, dont le niveau d’instruction et le niveau de vie égalent ceux des petits seigneurs. Je me suis intéressé à un frère et une sœur et à leur descendance : Jacques, l’aîné, né au début des années 1630 et Marguerite Françoise, sa cadette, née en 1640.

     

     

    • Marguerite Françoise Jacquard (1640 – 1693) est notre ancêtre directe. Elle est l’épouse d’Edmé Richier (1629 – 1694), marchand propriétaire de l’hostellerie de l’Escu à Baugy, mais surtout fermier de la seigneurie de Baugy. Leur fille, Catherine Richier, naît le 8 avril 1666. Son acte de baptême est ainsi rédigé :

    « Le jeudy huitiesme avril 1666 a esté baptizée Catherine Richier fille de prudent homme Edmé Richier marchand à Baugy et d’honneste femme Marguerite Jacquard ses père et mère. Son parrain honorable homme Jacques Jacquard lieutenant de Baugy et sa marayne Dame Charlotte Hays épouse d’honorable homme Jean Du boy Intendant de la maison de Monseigneur Devillequier » 

    Catherine a seulement 14 ans lorsqu’elle épouse le 26 octobre 1680 Etienne Hugon (1651 – 1709), de quinze ans son aîné, maître chirurgien [2] et maître apothicaire, archer en la maréchaussée générale du Berry. Un mariage si jeune constitue un indice du statut social de la famille Jacquard, car cela était fréquent dans l’aristocratie, mais beaucoup plus rare dans le monde paysan où les stratégies matrimoniales étaient moins fondamentales. 

    Etienne Hugon est le fils de François Hugon, « honorable homme » décédé le 2 juin 1677 à Baugy, également maître chirurgien, sergent de Baugy et Montfaucon, et lui aussi archer en la maréchaussée générale du Berry. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, cette charge a une finalité honorifique et n’est qu’accessoire à l’activité principale de son propriétaire. Elle semble aussi être héréditaire.

     

    Maître chirurgien et apothicaire dans sa boutique au XVIIe siècle

     

    Sur une période de vingt-six ans, c’est-à-dire entre l’âge de 15 ans et l’âge de 41 ans, Catherine Richier donne naissance à 14 enfants, dont 9 atteignent l’âge adulte. Parmi eux, notre ancêtre Anne Hugon naît le 25 mars 1686. Deux garçons poursuivent la tradition familiale et sont maîtres chirurgiens de marine à La Rochelle (chirurgiens sur les navires de guerre) : Philippe Hugon (1691 – 1743) et Jacques François Hugon (1705 – 1777). 

    Marguerite Françoise Jacquard est inhumée dans l’église de Baugy le 8 novembre 1693.

    • Son frère, Jacques Jacquard l’aîné ( ̴1632 – 1698), « honorable homme », est greffier de Montfaucon et lieutenant de Baugy [2]. Il est l’oncle et le parrain de Catherine Richier (cf. extrait de l'acte de naissance supra).

    Le 28 avril 1668, en l’église Saint-Jean-des-champs de Bourges, Jacques Jacquard l’aîné épouse en seconde noce Anthoinette Robelin (1624 – 1680), bourgeoise de Bourges, fille d’Aignan Robelin, conseiller du roi et contrôleur général de ses domaines en Berry, poste à hautes responsabilités au sein de la Ferme générale, l’administration fiscale du roi. C’est une union très avantageuse pour Jacques.

    Anthoinette Robelin est veuve de Claude Goutelle, Bourgeois de Bourges, fermier de la seigneurie de Montfaucon et fermier de Verrières, près de Nérondes. Celui-ci est apparenté à la famille Goutelle de La Guerche, une autre branche de nos ancêtres dont je parle plus loin.

    C’est en 1644 que Claude Goutelle prend à ferme auprès du prince de Condé la baronnie de Montfaucon et la seigneurie de Clanay pour un loyer annuel de 4 130 livres tournois, ce qui représente environ le salaire annuel d’un vingtaine d’ouvriers agricoles. Cette situation lui permet de marier sa fille Marguerite à un avocat, comme nous allons le voir, et d’offrir des études à ses fils François et Antoine Goutelle, qui seront également avocats en parlement.

    Pour le moment, les liens familiaux sont simples à comprendre, mais la suite est un peu plus complexe et l’on se perd dans les alliances contractées au sein de ces familles. L’essentiel à retenir est que tous ces mariages sont le fruit de stratégies matrimoniales qui illustrent parfaitement l’endogamie de familles de la bourgeoisie d’offices s’unissant pour conserver leurs richesses, leurs offices et leurs privilèges.

    Anthoinette Robelin et son nouvel époux Jacques Jacquard l’aîné vont ainsi arranger le mariage de leurs enfants respectifs : Marguerite Goutelle, la fille d’Anthoinette, va épouser Jacques Jacquard le jeune et nous verrons que ce type d’alliance n’est pas une exception. 

    Né d’une première union de Jacques Jacquard l’aîné, Jacques Jacquard le jeune (1654 – 1725) est conseiller du roi, avocat au bailliage et siège présidial de Bourges et bailli général du marquisat de Villequiers. C’est le 16 août 1675, à Baugy, que ce distingué cousin épouse « damoiselle » Marguerite Goutelle (1655 – 1681), qui est donc la belle-fille de son père.

    Anthoinette Robelin décède cinq ans plus tard, le 17 novembre 1680. Son époux Jacques Jacquard l’aîné est quant à lui inhumé dans l’église de Baugy le 4 octobre 1698.

    Jacques Jacquard le jeune reste encore et toujours dans le cercle familial lorsqu’il épouse en quatrième noce, le 16 juillet 1718, Anne Bias, la veuve de son cousin germain Edmé Richier le jeune, le plus jeune frère de Catherine.

    Cinq années plus tard, le 8 février 1723, Pierre Richier, le fils d’Edmé Richier le jeune et d’Anne Bias, épouse Thérèse Jacquard, la fille de Jacques Jacquard le jeune et de sa troisième épouse. Ainsi, la fille de Jacques Jacquard le jeune épouse le beau-fils de celui-ci, qui est également son cousin issu-de-germain.

    On ne comprend plus rien.

    C’est en tout cas visiblement une habitude dans ces familles de marier sa fille à son beau-fils ou son fils à sa belle-fille. Il est vrai que le patrimoine est ainsi préservé.   

     

    Le fils de Jacques Jacquard le jeune et de sa première épouse, Marguerite Goutelle, s’appelle lui aussi Jacques, comme son père et son grand-père. Il est né à Villequiers le 16 mai 1681. C’est un cousin issu-de-germain de notre ancêtre Anne Hugon, la fille de Catherine Richier, mais il est aussi un cousin des Goutelle de La Guerche, dont je parle plus loin. Jacques est donc doublement notre cousin, mais c’est surtout parce qu’il représente l’aboutissement de la quête d’ascension sociale de la famille Jacquard que je m’attarde sur lui.  

    Licencié ès lois de l’université de Bourges, procureur au bailliage de Villequiers et avocat en parlement, Jacques Jacquard vit noblement, ce qui lui permet d’être nommé capitaine au régiment d’Aunis, important régiment d’infanterie du royaume. Il épouse le 25 février 1702 Jeanne Mestier du Puisat, fille de Jean Mestier, sieur du Puisat, procureur, notaire, conseiller du roi et surtout grenetier du grenier à sel de Villequiers, office très lucratif. Jeanne Mestier est aussi la petite-fille de « dame » Charlotte Hays, la marraine de Catherine Richier (cf. acte de baptême supra) et de son époux, « noble homme » Jean Dubois, intendant des terres du seigneur de Villequiers en 1666, puis agent des affaires en Berry de monseigneur le chancelier Michel Le Tellier sieur de Louvois, le père du ministre Louvois, propriétaire de nombreux domaines en Berry.

    Jacques Jacquard « le noble » rédige son testament en 1699, à l’âge de dix-huit ans. Il est alors étudiant en logique à l’université de Bourges et son état de santé justifie peut-être qu'il rédige ce testament si jeune. Il demande que son corps soit enseveli et mis en cercueil de bois, puis inhumé dans l’église de la paroisse où il décédera. Pour ses obsèques, funérailles, enterrement et prières, il s’en rapporte à la discrétion de son père [3]

    Mais c’est finalement logiquement son père qui part le premier : Jacques Jacquard le jeune décède en effet en mai 1725, inhumé le 4 mai dans le chœur de l’église de Villequiers, honneur en principe réservé au seigneur et aux clercs. Son acte de décès est ainsi rédigé :

    « Le quatre may mil sept cent vingt cinq après avoir reçu les sacrements a été inhumé dans le chœur de l’église de Villequiers messire Jacques Jacquard avocat en parlement Bailly général des terres de messire de Louvois mort hier agé d’environ soixante et quinze ans vivant époux de dame Anne Bias (…)

    Anne Bias décède l’année suivante, le 31 août 1726 chez son gendre, François Souciet, maître chirurgien. Conformément à ses dernières volontés, une grande messe est dite pour son inhumation dans l’église.

    Ces gens-là avaient visiblement un rang à tenir.  

     

    Les ancêtres d'Elisa Piot

     

    La Châtellenie de Germigny-l’Exempt se trouve dans le Bourbonnais, au Sud de Nérondes. C’est une importante circonscription. C’est là que vit « dame » Claude Goutelle, une cousine de Marguerite Goutelle, la première épouse de Jacques Jacquard le jeune (cf. supra).

    Claude Goutelle, née vers 1630, est la fille d’« honorable » Georges Goutelle, fermier de la seigneurie de La Guerche, et l’épouse de « maître » Pierre Rossignol, marchand, greffier du Chautay et procureur au bailliage de La Guerche [2].

     

    Etude d'un procureur au XVIIe siècle 

     

    La fille de Claude Goutelle et Pierre Rossignol, « damoiselle » Charlotte Rossignol ( ̴1660 - 1735) est l’épouse de « maître » Gilbert Desbordes (1668 – 1705), marchand qualifié de bourgeois de Germigny-l’Exempt, fils de « maître » Pierre Desbordes, huissier royal, et de « dame » Marguerite Bordereul (ou Bordereuil), de Sancoins.

    Mes recherches ne m’ont pas permis d’établir avec précision la filiation de Marguerite, tant les Bordereul de Sancoins sont nombreux, mais les parrainages de ses enfants et petits-enfants permettent de dessiner les contours de son entourage familial proche, au sein duquel on trouve :

    • « Noble » Pierre Bordereul, docteur en médecine, né au tout début du XVIIe siècle, probablement un oncle de Marguerite ;
    • Claude et Pierre Bordereul, fils du précédent, maîtres chirurgiens et parrains des petits-enfants de Marguerite, probablement ses cousins germains ;
    • Claude Ménard, lui aussi né au tout début du XVIIe siècle, époux d’une autre Marguerite Bordereul qui est probablement la tante de notre Marguerite, avocat en parlement et procureur du Roy en la prévôté de Sancoins ;
    • Gilbert Ménard, également procureur du Roy en la prévôté de Sancoins et châtelain (juge) de Germigny-l’Exempt, époux de Jeanne Ménard. Gilbert et Jeanne Ménard sont plusieurs fois parrain et marraine des petits enfants de Marguerite à la fin du XVIIe siècle ;
    • Philippe Gillot, maître chirurgien, fils aîné de Marguerite Bordereul, issu de sa 1ère union, que l’on retrouve procureur du roy en la justice de Germigny en 1695 en même temps que son cousin Pierre de Bordereul ;
    • On trouve aussi en 1551 un Gilbert de Bordereul, lieutenant de Sancoins, qui pourrait être l’ancêtre commun.

    La particule n’est pas ici preuve de noblesse. J’ignore cependant pourquoi certains membres de la famille la porte. Je retrouve cette curiosité dans une autre branche dont je parle dans un autre chapitre : les Vaudremer, qui ont été appelés « de Vaudremer » pendant un certain temps.

    Il existe deux explications plausibles à l’ajout de cette particule : soit la famille est originaire du lieu dont elle porte le nom, mais je ne pense pas que ce soit le cas ici ; soit le curé, le clerc ou le greffier souhaite ainsi flatter le porteur du nom, qui occupe une position privilégiée dans la région et a donc les moyens d’être généreux avec la communauté, ce qui est vraisemblablement le cas des Bordereul et des Vaudremer.

    Une grande messe est dite en l’église de Germigny-l’Exempt le 13 mai 1687 pour les obsèques de Pierre Desbordes, qui a l’honneur d’être inhumé sous la nef. Marguerite Bordereul sera également inhumée dans l’église le 8 février 1691, ainsi que leurs enfants, Gilbert Desbordes et Charlotte Rossignol, quelques années plus tard. Quant à Philippe Gillot, le demi-frère de Gilbert, il est enterré « au devant du crucifix ».

    Cette église, sépulture de nos ancêtres, est un magnifique édifice de style essentiellement roman, dont le clocher à quatre étages, de plan carré, est le plus haut de toutes les paroisses rurales du Berry. Le portail principal de l’église est surmonté d’un tympan particulièrement richement sculpté, datant du XIIIe siècle.  

     

    Les ancêtres communs d’Etienne Cerisier et Elisa Piot

     

    La seigneurie de Bonnebûche est vassale de Germigny-l’Exempt. Elle est le fief de la famille de Bar [4], autrefois propriétaire de Baugy. C’est là que vit la famille Péraudat.

    Maître Jehan Péraudat naît le 16 juillet 1612 à Nérondes. Il est un marchand suffisamment aisé pour offrir des études à son fils, maître Mary Péraudat, « prudent homme », greffier de Bonnebuche, procureur aux bailliages d’Ourouer et de Croisy et procureur fiscal de Flavigny.

    Louise Morand est l’épouse de Mary Péraudat. Elle est la fille de Jacques Morand, dont Mary hérite la charge de greffier de Bonnebûche, et de Claude Martin, « honneste femme », qui seront inhumés l’un et l’autre dans la chapelle Notre-Dame de l’église de Croisy.

    Elisabeth Péraudat, la fille de Mary et Louise, naît le 27 mars 1681 à Croisy. Elle est notre ancêtre directe. Son acte de baptême est ainsi rédigé :

    « Au jour d’huy vingt septième jour du mois de mars mille six cent quatre vingt un, a esté baptizé par moy curé soussigné une fille nommé Elisabeth, fille de maistre Mary Péraudat, procureur au baillage d’Ourouer et de Croisy et greffier de Bonnebuche et de honneste femme Louise Morand ses père et mère. A esté son parrain Jean Charles de Bar, fils de messire Charles de Bar chevallier seigneur de Billeron et Bonnebuche  (…) »

    Jean Charles de Bar, le parrain, a environ 7 ans en 1681 et signe évidemment maladroitement au bas de l’acte de baptême.

    Charles de Bar, son père, seigneur de Bonnebûche et de Flavigny, est lieutenant-colonel d’un régiment de cavalerie, probablement peu présent dans sa seigneurie. Ce parrainage est flatteur pour la famille Péraudat, mais c’est surtout la preuve de la considération et de la confiance que Charles de Bar accorde à Mary. Il fera d’ailleurs de lui son procureur fiscal peu de temps après.

    Mary Péraudat décède malheureusement assez jeune, cinq années plus tard. Il est inhumé le 23 novembre 1686 dans l’église de Croisy, « proche le balustre du grand Autel du costé de l’épistre ». Cette mention dans son acte de décès est surprenante car l’inhumation à proximité immédiate de l’autel était canoniquement prohibée. Bien que procureur fiscal et donc l’un des premiers notables de la seigneurie, je pense que Mary Péraudat dut quand même être particulièrement pieux et avoir largement contribué aux deniers du culte pour obtenir un tel honneur pour son inhumation.

    On peut lire dans un article de la Revue d’Histoire de l’église de France de 1933, l’extrait d’un journal d’un curé de campagne qui nous renseigne sur la place centrale du procureur fiscal au sein de la communauté villageoise et nous permet de mieux comprendre l’honneur qui a été réservé à Mary. Il écrit :

    « M. le vicaire de la paroisse disait la grande messe et j’étais au chœur dans ma stalle curiale. Comme on chantait l’épître, arrive en redingote, en épée et en bottes, le procureur fiscal de la paroisse, qui va se placer dans le banc du seigneur. Sa prière faite, il dépêche un paysan, son plus proche voisin, pour me dire d’annoncer au prône l’assemblée des habitants (…) »

    A l’instar du fermier de seigneurie, ou en l’absence de celui-ci, on voit bien que c’est le procureur fiscal qui représente le seigneur et qui se permet même de s’asseoir sur son banc.

    Jehan Péraudat, le père de Mary, décède peu de temps après. Il est inhumé le 18 mars 1687 dans l’église de Flavigny, à l’âge honorable de 74 ans.

    Jean-Charles de Bar, le parrain d’Elisabeth, est présent quelques années plus tard au mariage de cette dernière avec Jean Charles Debrade, futur fermier d’Ignol, né le 8 juillet 1681 à Flavigny. Jean Charles Debrade est le fils de François Debrade, meunier de Nérondes, et de Jacquette Philippon. Son acte de baptême est ainsi rédigé :

    « Le 8e juillet 1681 a esté baptizé Jean Charles de Brade fils de François et de Jacquette Philippon. Le parrain est honneste fils Jean Charles de Bar fils de messire Charles chevalier seigneur de Flavigny et la marraine damoiselle Anne de la Briolerie »

    Ainsi, Elisabeth et Jean Charles, qui se marient le 3 mars 1699 à l’âge de 17 ans, ont le même parrain, futur seigneur de Bonnebûche et Flavigny, qui deviendra lieutenant du roi en Berry [2] Ils seront inhumés dans l’église d’Ignol.

    Leur fils Guillaume, né en 1715, épouse le 2 juin 1739 Anne Rambuteau, petite-fille d’Anne Bias et d’Edmé Richier, le frère de Catherine Richier (cf. supra).

    Leur fille Jeanne Debrade (1711 – 1766), notre ancêtre directe, se marie elle aussi très jeune, le 30 avril 1725, avec Jean Charenton, laboureur. Elle n’a pas 14 ans. Leur fille Jeanne Charenton (1747 - 1800), épouse en 1764 Jean Aimé (1740 – 1785), marchand et fermier d’Ignol. 

     Jean Aimé et Jeanne Charenton sont les arrière-grands-parents d’Etienne Cerisier et de Julie Desnoix et donc les ancêtres communs du couple formé par Etienne et Elisa (cf. chapitre « Etienne Cerisier et Elisa Piot, les grands-parents exilés »). Leur fils Jean a épousé Jeanne Bligoux, une descendante des Jacquard de Villequiers ; ils sont les grands-parents d’Etienne. Leur fille Anne a épousé Antoine Nouvelle, marchand de Germigny, un descendant des Goutelle de La Guerche ; ils sont les grands-parents de Julie.

     

    En conclusion de ce chapitre, on ne peut que s’étonner de la similitude des pratiques matrimoniales de la bourgeoisie d’offices avec celles de l’aristocratie : endogamie et mariages à un très jeune âge, arrangés entre parents soucieux de conserver leur patrimoine et leur position dominante.

    Mais malgré ces efforts, nos ancêtres berrichons perdent cette position dominante dans le courant du XVIIIe siècle, n’achetant visiblement plus d’offices honorifiques et devenant de simples marchands laboureurs. Ils ne s’appauvrissent cependant pas de façon significative et conservent une certaine notabilité tranquille jusqu’au XIXe siècle, contrairement à nos ancêtres franciliens du Hurepoix, qui passent d’un statut social comparable à ceux du Berry à une relative misère à la veille de la révolution de 1789 (voir chapitres suivants). 

     

    [1] François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, est né au sein d’une puissante famille proche du pouvoir, mais qui appartient à la noblesse de robe. Son arrière-grand-père était un riche mais simple marchand parisien

    [2] Voir lexique

    [3] AD du Cher, inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, série E (art. 1999-2513)

    [4] Louis XVI autorisera en 1784 que le village de Bonnebûche prenne le nom de Bar